FERRARI 275 :
Les Ferrari 275 sont une série de voitures de Grand Tourisme et de course du constructeur italien Ferrari. Produites de 1964 à 1968, les Ferrari 275 remplacent les mythiques Ferrari 250, dont elles reprennent le moteur V12 dit "Colombo". Près de 970 exemplaires furent produits jusqu'au remplacement par la Ferrari 365.
La Ferrari 275 GTB est lancée en 1964 en remplacement de la Ferrari 250 GT Lusso, évolution plus spacieuse et luxueuse de la Ferrari 250 Berlinetta SWB apparue en 1959. Elle inaugura, lors de sa présentation lors du salon automobile de Paris 1964, deux avancées techniques majeures dans l'histoire de la marque.
En effet, la 275 GTB fut la première Ferrari de route à être équipée d'un transaxle, composant mécanique assurant les fonctions d'une boîte de vitesses et d'un différentiel. Une suspension arrière indépendante était également installée sur la voiture. L'ingénieur Mauro Forghieri explique que Ferrari s'inspira de l'architecture d'une Pontiac pour concevoir son système transaxle1. La 275 GTB2 souffrait d'une vibration moteur à 6000 tr/min ; le problème fut résolu sur les 200 dernières voitures produites1.
La carrosserie fut dessinée par Pininfarina, en reprenant certaines des caractéristiques de la Ferrari 250 GTO, telles que la silhouette définie autour d'un long capot abritant le moteur et d'un habitacle reculé, les ouïes d'aération latérales ou encore l'arrière fortement incliné. La production fut confiée à la Carrozzeria Scaglietti, qui utilisa de l'aluminium et non de l'acier pour les portes, le capot et le couvercle de coffre. Certains exemplaires furent construits entièrement en aluminium2.
Châssis et moteur
Le châssis référence 563 sert de base à la 275 GTB, et reprend les caractéristiques des modèles précédents. Cependant, la section arrière est rétrécie afin d'accueillir les évolutions de la suspension et de la transmission.
Le moteur (référence 213) est une évolution du V12 "Colombo" à simple arbre à cames en tête par rangée, dont la cylindrée est portée à 3 286 cm3 et développant 280 chevaux. Il est couplé à une boite à cinq vitesses montée indépendamment du châssis et envoyant le couple aux roues arrière indépendantes.
La génération des 250 GT prend fin en 1964 avec l'élégante Lusso, à laquelle succède la 275 GTB (pour Gran Turismo Berlinetta). En réalité, cette dernière apparaît comme la véritable descendante de la berlinette 250 GT. Agressive et dépouillée, la 275 GTB est une vraie machine de sport, une voiture de puriste digne de sa prestigieuse aînée.
Présentée au salon de Paris de 1964, la 275 GTB affiche le look typique de la berlinette Ferrari : long capot terminé par un nez fuselé, arrière fuyant et poupe tronquée dominée par un becquet aérodynamique, habitacle recroquevillé. La voiture a du chien. Mais si elle se prévaut de courbes voluptueuses, elle hérite d'un design qui date, déjà à sa sortie. Avec des flancs hauts et des vitres étroites, Pininfarina a manifestement voulu l'ancrer dans l'esthétique des années cinquante. La carrosserie est fabriquée par Scaglietti en acier - ou en aluminium, mais dans une faible proportion.
La 275 GTB reprend l'empattement classique de 2,40 mètres de la 250 GT, ainsi que le non moins traditionnel châssis tubulaire Ferrari de section ovale. Quant au V12 (type 213), il constitue la dernière évolution du moteur né en 1947. Si la course n'a pas changé par rapport au modèle précédent, l'alésage a été porté à 77 millimètres pour donner une cylindrée unitaire de 275 cm3 - et au total 3,3 litres. Avec trois carburateurs double corps Weber, la puissance est donnée pour 280 ch à 7500 tr/mn. Une version équipée de six carburateurs est proposée en option, qui offre une vingtaine de chevaux supplémentaires.
Si elle ne révolutionne pas le design automobile, la nouvelle berlinette se veut techniquement très novatrice (du moins, pour le cheval cabré). Elle inaugure, sur une Ferrari de route, l'architecture à moteur avant avec ensemble boîte de vitesses-pont à l'arrière - largement développée sur les monoplaces, puis sur les Sport de Maranello, cette technique offre une meilleure répartition des masses. Autre première pour une Ferrari routière, la suspension à quatre roues indépendantes de la 275 GTB témoigne de l'influence des succès obtenus par Ferrari en compétition avec les voitures Sport à moteur central.
Lancé en même temps que la berlinette, le cabriolet 275 GTS reprend la tradition des décapotables Ferrari interrompue depuis le retrait du spider 250 GT California. Il apparaît toutefois d'une tout autre nature que la GTB : moteur dégonflé (260 ch), poids supérieur et performances en net retrait. Quant à sa carrosserie, elle présente une ligne banale.
La 275 GTB n'est pas exempte de critiques. On lui reproche sa transmission affectée de vibrations et une stabilité assez aléatoire à grande vitesse, sans parler de son coffre à bagages occupé par la roue de secours. D'où la présentation d'une nouvelle version du modèle au salon de Bruxelles de 1966. La proue a été remodelée (allongée et surbaissée) afin de supprimer la portance du dessin précédent - les voitures ainsi restylées seront baptisées " nez longs ". Quant au coffre, il a été agrandi quelques mois auparavant au salon de Paris, en même temps que la lunette arrière prenait de l'ampleur.
Dus à un mauvais alignement entre le moteur et la boîte-pont, les problèmes de transmission ont été réglés par un nouvel arbre à " tube de poussée ". Cette importante modification sera pratiquée sur un grand nombre de GTB de la première série.
Présentée au salon de Paris de 1966 et dotée, comme son nom l'indique, d'une distribution à quatre arbres à cames en tête, la 275 GTB/4 est la première Ferrari de route ainsi équipée. Bien qu'il présente les mêmes cotes, son V12 diffère à maints égards du moteur à arbre unique par banc de cylindres (dont la présence d'un carter sec). Il dérive des 3,3 litres et 4 litres, qui ont motorisé les prototypes 275 et 330 P de 1965. Pourvu de six carburateurs double corps Weber, il développe 300 ch à 8000 tr/mn avec un couple de 30 mkg.
Par rapport à la précédente évolution de la GTB, la GTB/4 se reconnaît extérieurement au bossage central de son capot. Sa carrière sera courte en raison de la fermeture du marché américain pour cause de normes antipollution. La gamme Ferrari sera renouvelée et la succession de la 275 GTB sera assurée par la Daytona. Au total, 800 exemplaires de la 275 GTB auront été produits de 1964 à 1968, dont 350 unités pour la version à quatre arbres à cames en tête.