En 1968, la GT 500 et sa petite sœur, la GT 350, connaissent un restylage qui les démarque encore un peu plus des Mustang de série. La face avant est encore plus personnalisée, les feux arrière de Cougar sont remplacés par ceux de la Ford Thunderbird. Apparaît également une version convertible.
En cours de millésime, le V8 Police Interceptor est échangé contre le V8 428 ci Cobra-Jet de 406 ch, qui donne des ailes à la Shelby. Le 0 à 100 km/h est alors atteint en 4,85 s. L'arrivée de ce nouveau moteur voit la GT 500 s'adjoindre à son patronyme les lettres KR pour « King of the Road ».
La « petite » Mustang, par rapport aux normes américaines de l'époque, n'a cessé de changer de formes d'année en année ; elle a pris du volume, tant au niveau carrosserie que moteur. À chaque année correspondent quelques versions rares préparées par Shelby, la GT 500 KR de 1968 notamment.
En 1966 est lancée la principale rivale de la Mustang : la Chevrolet Camaro. Chevrolet annonce que le nom vient d'un mot d'argot français, « camaro », signifiant « camarade »5 mais Ford rétorque ironiquement que c'est le nom d'un type de crevette (« Camarón » veut dire « crevette » en espagnol). Chevrolet dira alors qu'un Camaro était « un petit animal vicieux mangeur de Mustang »6.
Pour le millésime 1967, Ford prépare sa réponse. Ce millésime marquera une rupture avec les précédents. Bien que l'allure générale demeure la même, on note une augmentation de l'agressivité et de la sportivité (calandre plus grande, regard moins doux, taille augmentée...) et ce notamment afin d'installer le V8 6,4 L de 320 chevaux, un de ces big-blocks, pour concurrencer le 6,5 L de la Chevrolet. Le 390 offre de bonnes accélérations mais peine à prendre du régime, plus lourd de 100 kg par rapport au 4,7 L, mais il est tout de même une réussite, car vendu moins cher que ce dernier.
Pendant ce temps, Shelby s'aligne et va se constituer une petite gamme, toujours alignée sur les bases Ford : GT 350, GT500 (à partir de 1967) doté du V8 7,0 L Police Interceptor de 355 chevaux, puis en 1968 apparaît le 428 Cobra Jet, la GT500 avec ce moteur est appelée GT500 KR pour King of Road (« roi de la route »). Considéré comme un modèle d'anthologie, les millésimes 1967-1968 présentent pourtant une érosion de ventes. La Shelby 1967 vue dans le film 60 secondes chrono est en réalité une Mustang modifiée en Shelby pour les usages du film.
Production
Coupé Cabriolet Fastback Total
1967 356 271 44 808 71 072 472 121
1968 249 447 25 376 42 581 317 404
Une Shelby ... made by Ford !
En effet dès le millésime 1968, la production de la Shelby mustang n'est plus confiée à Carroll Shelby qui finalement s'avoue content de s'être "débarrassé" de la Shelby mustang, subissant sans cesse les pressions de la direction de Ford pour rendre toujours plus bourgeoise la Shelby. L'objectif premier de Carroll Shelby était de produire une vraie sportive, celui de Ford de vendre des voitures à l'image sportive mais adaptées à un usage quotidien. L'entente étant consumée, chacun repart donc de son côté !
Quelques changements esthétiques
La face avant est de nouveau restylée avec une calandre encore plus béante. La prise d'air du tablier inférieur avant forme une continuité ave la calandre, formant une bouche béante ouverte sur la route. Les feux longue portée sont de forme rectangulaire.
Le capot possède toujours des attaches de sécurité, mais ses prises d'air sont une nouvelle fois redessinées, cette fois-ci placées en extrémité de capot. Nouveauté également sur ce capot, le lettrage Shelby qui fait ici sa première apparition, jusqu'ici le capot ne possédait aucun lettrage.
L'habitable suit celui de la Mustang de série avec toutefois le monogramme Cobra remplaçant le traditionnel Mustang. L'arceau de sécurité est proposé de série, tout comme les ceintures à enrouleur qui prennent leur point d'ancrage sur ce même arceau.
Du côté de la poupe peu de changements, toujours une double ligne d'échappement à embouts chromés mais pour cette année non plus des feux arrières de Cougar, mais de Thunderbird !
Le lettrage Shelby se retrouve également en lieu et place du lettrage Mustang traditionnel en milieu de panneau arrière.
En ce qui concerne des équipements, la liste est désormais longue comme une journée sans pain ! Vous pouviez opter soit pour un usage purement sportif, ou si vous le désiriez, rouler en Shelby toutes options.
Ca bouge sous le capot !
1968 est l'année des changements en terme de motorisations. Si le big block 428 de la GT 500 est toujours proposé, en revanche le 289 prend sa retraite ! Supprimé du catalogue de la Mustang de série, il est remplacé par le nouveau V8 d'entrée de gamme de Ford, le 302 ci, pour la Shelby il se voit doté d'un collecteur d'admission spécial coiffé d'un carburateur 4 corps Holley de 600 cfm. La puissance annoncée est de 250 chevaux, puissance moindre par rapport à feu le 289 ce qui n'est pas des plus bienvenu étant donné le gain de poids de la génération 67/68. Le compresseur Paxton est cependant toujours proposé en option sur ce nouveau bloc. La nouveauté la plus intéressante n'arrivera pas tout de suite. il faudra attendre le milieu de l'année 68 pour voir arriver le successeur du 428 : le 428 Cobra jet.
Bien que de même cylindrée, ce bloc reçoit de nouvelles culasses avec des soupapes de plus grand diamètre, la puissance officielle bu bloc dépasse les 400 chevaux, les poneys sont lâchés. Pour couronner cette nouvelle GT500, une nouvelle dénomination lui sera portée : GT 500 KR, KR pour King of the Road, il n'y a pas de doutes, avec un tel bloc et un bon pont à différentiel à glissement limité, il valait mieux ne pas vous provoquer au feu vert !
La Shelby du cru 1968 s'est bien vendue. Il est à noter le succès de la version convertible permettant de rouler avec classe les cheveux aux vent ! Mais il ne faut pas perdre de vue que l'on est loin du concept de base de la Shelby Mustang, pure sportive se refusant tout confort au profit des sensations, il n'y a qu'à comparer, refaite un tour du côté de la page de la GT 350 de 1965.